Wednesday, February 09, 2005

 

deux critiques sur le Liban...

Texte 1 : La beauté du Liban...

Lettre écrite à mon fils Joseph, qui, comme tant d'autres jeunes du Liban, désire partir pour d'autres cieux ! Pourquoi aller ailleurs, quand on a tout ça a portée de main, tout ce bonheur, chez nous… ?


Pour les premières amandes vertes que l'on croque, trempées de sel, et qui sonnent le glas de l'hiver.
Pour l'arbuste du balcon que l'on croyait mort et qui refleurit inexplicablement en décembre.
Pour le grincement familier de la balançoire sur laquelle on s'assoupit, enivrés de soleil, dans le chant des cigales.
Pour la chanson séculaire du marchand ambulant dont on essaye en vain, depuis l'enfance, de comprendre les paroles.
Pour cette vierge kitsch que des mains naïves ont parée de fleurs de pacotille et qu'on découvre, immobile dans sa grotte, au détour d'un sentier de montagne.
Pour les klaxons " sauvages " d'un mariage d'été qui nous précipite pourtant tous au balcon pour voir si la mariée est belle.
Pour ce chauffeur de taxi plutôt beau gosse qui nous fait le cadeau d'un clin d’œil complice sous le pont de Dora.
Pour ces tribus de parents qui attendent à l'aéroport, œillets défraîchis à la main, le retour au pays de l'enfant prodigue, et qui arrivent toujours beaucoup trop tôt,
Pour cette vieille mémé qu'on a refusé de mettre à l'asile malgré " l'appartement-de-Beyrouth " trop étroit, et que son fils continue d'embrasser chaque soir.
Pour cette femme voilée qui fait, au mois de mai, le pèlerinage de Harissa, et que Notre-Dame ne manquera pas d'exaucer, c'est sûr.
Pour ces infirmières de nuit un peu inutiles parce qu'on ne quitte pas ses proches malades, quand il fait noir.
Pour le jeune policier du carrefour qui fait semblant de rêver quand on traverse en trombe en fin, fin de feu orange.
Pour le " Ya hala " claironnant du steward des Lignes du Cèdre qui nous accueille sur l'avion de Beyrouth, et qui éloigne, à lui seul, toute la froideur de l'Occident.
Pour cet automobiliste souriant en trois-pièces cravate qui, un soir de Nouvel An très pluvieux, vous change votre pneu, sans vous demander votre numéro de téléphone.
Pour le collier de jasmin odorant que cet amant d'été passe au cou de sa belle et qui scintille sur sa peau dorée de brune.
Pour les femmes trop parées, trop blondes, trop maquillées, trop clinquantes, trop tout, mais si belles que c'en est indécent. Pour ce soleil lumineux de janvier qui nous fait douter que la tempête terrifiante de tout à l'heure ait vraiment eu lieu.
Pour la voix si triste de Feyrouz qui réveille en nous une âme enfouie de villageoise d'opérette,
Pour l'odeur de la " manqouché " du matin qui est, tout le monde vous le dira, bien plus qu'une galette au thym, comme la traduit bêtement le dictionnaire.
Pour la " dabké " que dansent des hommes de Baalbeck, des vrais, et tant pis si les androgynes sont à la mode.
Pour la fierté de la grand-mère à qui on montre son premier descendant mâle, et tant pis pour l'égalité des sexes.
Pour ces cerises de juin si noires qu'elles colorent de violet les langues des enfants,
Pour le bonheur absurde de penser que plus jamais on ne dormira dans un abri.
Pour la maison d'en haut qu'on fait plus belle que l'autre, la citadine, parce que c'est là qu'au soir de notre mort, on accueillera les gens du village.
Pour la réponse sage de toutes les mamans que leurs enfants appellent et qui souhaitent, avec le sourire, qu'ils les enterrent.
Pour les soirs de juin sur la terrasse de Zahlé, pour la vigne de septembre qui finit par nous offrir une grappe,
Pour les gardénias de mai,
Pour l'odeur mouillée de la terre après la première pluie, pour ce soir à Baalbek, pour ne pas avoir froid, pour ne pas avoir peur, pour ne pas vivre seul, pour...
Pour ta maman, Joseph, ne pars pas.

Nada NASSAR-CHAOUL
Texte 2 : L'envers du décor...
Voici le même texte écrit par un anonyme; mais vous remarquerez que le ton est tout à fait différent voire opposé...
À tous les jeunes du Liban.

Pour les premières amandes vertes que l’on croque, et recrache tellement le goût a été altéré par la pollution.
Pour les cèdres du Liban qui disparaissent un a un
Pour les chants de cigales qu’on écoute plus tellement le poids du quotidien est lourd.
Pour les hurlements du marchand ambulant qui n’est plus la chanson séculaire de notre enfance,
Pour cette vierge et cet ayatollah qu’on nous plante partout et qui nous indique l’appartenance religieuse de la zone.
Pour les insultes qui accompagnent les klaxons sauvages des véhicules bloqués depuis des heures,
Pour ce Chauffeur de taxi, basané et patibulaire, qui n’a plus rien d’un Libanais, qui nous Gratifie d'un clin d’œil vulgaire sous le pont de dora.
Pour ces tribus de parents qui attendent à l'aéroport, œillets défraîchis à la main, le retour au pays de l'enfant prodigue, et pour les mauvais plans qu’on prépare pour le faire casquer. -Immigré donc peut être fortuné-
Pour cette vieille mémé qu'on a souhaité mettre à l'asile malgré l’immense appartement de Beyrouth, mais que la peur du qu’on dira-t-on nous empêche faire.
Pour cette femme voilée qui fait, au mois de mai, le pèlerinage de Harissa, parce qu’elle ne sait plus a quel saint se voué.
Pour ces infirmières de nuit qui nous permettent, malgré l’interdiction, de veiller nos proches malades, trop heureuses de se débarrasser d’une corvée en se déchargeant sur la famille.
Pour le jeune policier du carrefour désabusé par le manque de respect qu’on lui accorde, nous laisse traverse en trombe en fin de feu orange.
Pour le " Ya hala " pavlovien et faux du steward des Lignes du Cèdre qui nous accueille sur l'avion de Beyrouth, qui rapproche la chaleur superficielle de l’orient et qui éloigne, toute la froideur réelle de l'Occident.
Pour les femmes trop parées, trop blondes, trop maquillées, trop clinquantes, trop tout, si belles en apparence et si superficielle en réalité.
Pour cette administration corrompue et paresseuse
Pour les « Fakhamet el rais », « mahalle wazir », Beik de rigueur,
Pour ces photos d’hommes politiques Libanais ou non que l’on croise a chaque coin de rue,
Pour ce pouvoir tri-cephale qui vit sous respiration artificielle,
Pour les wassayetes obligatoires pour obtenir un boulot,
Pour la pseudo liberté qu’on nous accorde mais cette absence de démocratie,
Pour ce confessionnalisme a tous les niveaux,
Pour le prix exorbitant des universités et des écoles,
Pour la médiocrité de son système scolaire public,
Pour l’absence de couverture sociale digne de se nom,
Pour la seule foi commune aux 17 confessions : LE DOLLAR,
Pour découvrir son voisin, l’apprécier, le fréquenter,
Pour qu’enfin tu puisses réfléchir autrement, pour ton ouverture d’esprit et ta tolérance
...FUIE le Liban



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